mercredi 17 juin 2009

En Lettres capitales

Lire, écrire. Editer, diffuser. Vendre, faire passer : provoquer ce divin hasard qui transforme un paquet de feuilles manuscrites en fusée éclairante pour plusieurs générations de lecteurs.

La lecture, bien sûr, est en train de changer. De nouvelles compétences humaines, l'affordance, la capacité à réagir instantanément à un brouillard d'informations de manière efficace. Mais l'émotion. Mais la découverte.

Le livre change. Il devient un produit dérivé de la télévision. Un objet de divertissement. Pour autant, malgré tous les efforts des groupes industriels qui l'absorbent peu à peu dans leur sphère globalisée et leurs logiques, il résiste plutôt bien à la banalisation où certains voudraient le voir disparaître - lui et ses élans critiques. Qu'il participe au consensus et qu'il s'en tienne là. C'est ce qu'on lui demande.

Pourtant le livre est ivre d'une histoire qui l'a vu transporter la mémoire des Dieux, les hauts faits des héros, la sagesse socratique, les illuminations rimbaldiennes, les ruées nietzschéènnes. Et puisqu'il ne se résigne pas, nous ne nous résignerons pas.

Cet espace ne sait pas où il va. Ne sait à qui il s'adresse. Mais convergence des enthousiasmes, peut-être ; des patiences, des libertés. Indépendant de tout, sauf des passions qui l'animent.

Dans cette période de repli, de creux sonore où la mollesse des esprits entraîne à des retours fâcheux (fondamentalisme, communautarisme, autoritarisme), plus que jamais nous aspirons à des littératures, à des pensées de hautes eaux dont toutes les diversités sans cesse proliférantes s'écrivent pareillement en Lettres capitales.

1 commentaire: